Bienvenue à l'Académie Québécoise d'Apprentissage

Ce blog est pour tous les parents, les éducateurs, les curieux et les passionnés d'éducation! Partagez-y vos idées, vos problèmes, vos solutions sur les jeunes et l'apprentissage. Je lirai vos messages et me ferai une joie d'y répondre au meilleur de mes connaissances et de mes compétences!

lundi 7 novembre 2011

Pour rire un peu!!

Lors d'une journée sportive au stade olympique, la semaine dernière, un de mes élèves de cinquième me dit en voyant l'équipe canadienne de nage synchronisée : «Est-ce qu'elles touchent au fond?»  Je lui répond que non, qu'elles se soutiennent avec leurs bras et leurs jambes et que c'est très difficile.  Il me répond : «Mais elles sont jeunes!  Moi à ma piscine, il y en a qui sont vieilles, elles touchent dans le fond et elles ont les bras en l'air.  Elles sont bonnes aussi!!»  


Je ne sais pas si c'est une anecdote qu'on peut écrire mais j'ai essayé de la partager avec vous parce qu'elle m'a fait vraiment bien rigoler!! 

mercredi 2 novembre 2011

Comment mieux aider les garçons à l'école

Les garçons et l'école

Depuis quelques années, on parle de plus en plus des différences hommes-femmes dans la manière de faire les choses et d'appréhender la réalité.  Ces différences entraînent plusieurs blagues, et parfois même des frictions, entre collègues de travail, du moins dans mon milieu...  «C'est normal, je suis juste un gars!» est une phrase que j'entends souvent lancée à la blague par mes collègues masculins.  Cette phrase traduit bien un certain malaise entre nous.  Elle sous-entend parfois une esquive du travail mal fait ou un préjugé, qu’on aurait face à leurs capacités.  Mais est-ce que qu’elle ne serait pas plutôt un réel questionnement vis-à-vis le fonctionnement, foncièrement différent, de nos cerveaux respectifs?

Car effectivement, entre les garçons et les filles, il y a des différences, et elles ne résident pas toutes dans les goûts ou le niveau d'énergie.  Dans sa recherche sur les garçons et l'école, M. Jean-Guy Lemery s'est penché sur les différences physiologiques qui influencent l’apprentissage des filles et des garçons.  Il y démontre, de manière fort intéressante, que l'école d'aujourd'hui s'accorde très bien avec la méthode d'apprentissage des filles mais répond beaucoup moins bien à celle des garçons.

«Si jusqu’ici on aime bien expliquer ces différences par l’éducation et les stéréotypes, des  recherches en neuropsychologie nous donnent un éclairage nouveau, explique ce dernier.  L’hémisphère gauche du cerveau de la fille, où se logent les aires du langage, se développe en général plus vite que chez le garçon. Elle sera ainsi favorisée dans les habiletés langagières. Les garçons bénéficient, pour leur part, d’un  développement plus rapide de l’hémisphère droit, responsable des habiletés visuo-spatiales.»

Cette différence est accentuée, principalement au primaire, parce que l’école y est un milieu essentiellement féminin et, qu’en tant qu’enseignant, homme ou femme, on a toujours tendance à enseigner de la manière dont on apprend nous-même. 

Les recherches de M. Lemery ont démontré que les différences résidaient beaucoup dans la manière d'organiser la pensée car «chacun et chacune sera porté à utiliser le style d’apprentissage propre à l’hémisphère qu’il (elle) a mieux développé. La fille préférera un mode séquentiel, elle développera des facilités d’organisation et d’analyse des détails. Le garçon préférera un mode simultané qui privilégie la vue d’ensemble, la mise en contexte et aura plus de facilité en synthèse. En situation d’apprentissage, il aimera passer par le concret et chercher des liens entre les éléments.  Il voudra comprendre les «pourquoi», choisira souvent un mode non verbal, comme les schémas, les images et les métaphores.»

Cela vaut aussi pour nous, enseignantes et enseignants, qui devrions donc adapter notre style d’enseignement à nos deux types de clientèles malgré notre préférence naturelle pour l’une ou l’autre des manières d’apprendre.

Pour ma part, je déplore beaucoup le manque de modèles masculins à l'école, principalement au primaire.  Par contre, je suis d'avis que les enseignantes peuvent tenter d'adapter leur pédagogie pour rejoindre tous leurs élèves.  Un bon professeur doit être capable d’expliquer la matière de plusieurs manières afin de rejoindre les différentes intelligences devant lui et offrir des moyens d'expression qui permettent à chacun et chacune d'utiliser son style d'apprentissage.  C’est un travail que nous nous devons de faire même si on a toujours de la difficulté à concevoir une pensée différente de la nôtre. Cet exercice vaut grandement la peine car de voir, enfin!, des élèves qui jusqu'à présent sont plus ou moins motivés, reprendre goût à l'apprentissage, est vraiment enrichissant et valorisant. 

Par contre, il faut faire attention.  Il ne s’agit pas uniquement d'utiliser le matériel du Canadien de Montréal parce que les garçons aiment le hockey!  Même s’il est aussi important de choisir des sujets qui intéressent les garçons de nos classes, il faut avant tout adapter la manière de présenter la matière les exercices demandés.

Les cours de sciences en sont un bon exemple; si l’apprentissage reste théorique au niveau des idées et des formules, il conviendra davantage aux filles alors que les garçons préfèrent déduire la théorie à partir d’une expérimentation ou d’une manipulation concrète.  En français, si le déclencheur d’une situation d’écriture est : «Comment te sentirais-tu à la place du personnage?», les filles se sentiront plus interpellées que les garçons car le texte se passe au niveau des sentiments.  Par contre, une question comme : «Qu’aurais-tu fait à la place du personnage?» va davantage stimuler les idées des garçons car elle se situe plus dans l’action et moins au niveau des émotions. 

On pourrait s’inquiéter de ces nouvelles pratiques sur la réussite des filles mais je crois qu’elles aussi ne pourront qu’en bénéficier à long terme car elles  apprendront à utiliser leur cerveau de manière différente, ce qui ne pourra qu’enrichir leur expérience d’apprentissage.  Et n’est-il pas actuellement primordial pour notre système scolaire que les garçons retrouvent une motivation pour aller à l'école?  Il est démontré que la motivation est un facteur important de persévérance et de réussite scolaire, comme dans toute autre sphère de la vie d’ailleurs.  

Je comprends bien que ce changement n'appartient pas seulement aux parents et qu’il appartient aux enseignantes et aux enseignants de faire l'effort de faire évoluer leurs manières de travailler pour aller chercher l’intérêt d’un plus grand nombre de leurs élèves.  Je sais que plusieurs d'entre eux le font déjà, consciemment ou non.  Toutefois, il est bon d'en prendre encore mieux conscience, de se rappeler constamment cette réalité afin d'y porter une plus grande attention.

En tant que parent, il est aussi important de comprendre que ce n'est pas nécessairement parce que le professeur de votre garçon est un homme ou une femme que ça va aller comme sur des roulettes ou, à l'inverse, que cette personne n’arrivera pas à aider votre enfant.  Comme vous l’avez sûrement déjà expérimenté, il y a d'excellents, et de moins bons, enseignants des deux sexes et chacun d'entre eux à le potentiel de s'améliorer, d'explorer de nouvelles façons d'enseigner, de se former à différentes façons de faire, bref de devenir encore meilleur!  Alors en ce début d’année, laissez la chance au coureur…

Je vous invite à partager sur ce blog vos expériences et vos opinions sur ce sujet vaste et délicat à la fois.  Faites-nous connaitre une enseignante ou un enseignant exceptionnel et sa manière d’aller chercher tous ses élèves, une activité que vous avez expérimentée qui utilise le cerveau de manière différente, votre propre manière de comprendre et d’apprendre.  C’est en partageant que nous apprendrons encore mieux les uns des autres…

Je voudrais remercier de manière toute spéciale M. Jean-Guy Lemery pour sa contribution à l’écriture de cet article.  M. Lemery, pédagogue, ancien directeur et consultant en éducation, est spécialiste de la question des garçons et l’école.  Il a écrit deux livres publiés aux Éditions Chenelière : Les garçons et l’école, une autre façon d’apprendre et de réussir et Les garçons et la lecture.